Dans les années 1970, j’ai mené un travail de terrain à Ersfjordbotn, un village de pêcheurs sur l’île de Kvaløya. A cette époque, la Norvège du Nord était en cours de développement et de modernisation rapide. J’ai étudié les transformations du genre, de l’ethnicité ainsi que les relations entre la communauté villageoise et la société au sens large.
Historiquement, les hommes locaux étaient souvent absents, poursuivant leurs activités de pêche, tandis que les femmes géraient toutes les affaires communautaires et domestiques. Elles s’occupaient des enfants, cultivaient, prenaient soin du bétail et transformaient le poisson que les hommes capturaient. Pendant le processus de restructuration, les bureaucrates basés à Oslo ont donné la priorité aux hommes qui ont progressivement quitté la pêche pour entrer dans les secteurs du transport et de la construction. Ils ont également commencé à être engagé dans la politique. Les femmes locales ont eu du mal à s’adapter à ces changements rapide. Elles ont senti que leurs connaissances et leur importance ont perdu de leur valeur.
Dans ma dissertation « Hva mutter gjør er alltid viktig » (Holtedahl, 1986), j’ai présenté une analyse critique des transformations sociétales qui ont eu lieu à ce moment-là et j’ai essayé de contextualiser les stratégies d’adaptation des femmes aux conditions défavorables créées par la politique nationale. J’ai illustré comment elles ont lutté pour obtenir des emplois rémunérés et ont souffert du manque de jardins d’enfants, de maisons de retraite et de centres de santé.
Dans les années 1980, je suis retournée à Ersfjordbotn avec le cinéaste nord-norvégien Knut Erik Jensen pour réaliser un documentaire intitulé « Få er som far-ingen som mor » sur les relations entre trois générations de femmes du village.